19 septembre 2020 Par Jean-Christophe Hadamar 0

Antigone

Cette adaptation contemporaine qui nous vient du Québec du drame de Sophocle met en scène une famille d’immigrants algériens de première génération à Montréal.

Même si le film est fidèle aux thèmes éternels de la pièce, la famille, l’exil, le pouvoir des institutions et le sacrifice – le succès du film vient de l’interprétation de la jeune actrice, Nahéma Ricci, au jeu fin et efficace qui mélange naïveté et violence de son âge.

Sophie Deraspe, la réalisatrice a fait le choix de l’originalité, les personnages conservent leurs noms d’origine (Polynice, Étéocle, Ismène !) et ça marche ! On assiste chez Antigone, élève modèle, à la perte progressive de son innocence et de sa jeunesse pour une désillusion progressive envers les institutions et sa famille. Ce glissement laisse auprès du spectateur un sentiment extrême qui lui brisera le coeur pour finalement le foudroyer.

« Mon cœur m’a dit de sauver mon frère », cet argument déclamé lors de son procès sonne ici d’une actualité brûlante. On ne sort pas en effet intact de ce film. qui brasse des sujets contemporains comme la famille, l’intégration, la politique migratoire et les réseaux sociaux.

Les Français découvrent ici un film élégant, percutant que les jeunes pourront facilement s’approprier à travers une relecture moderne de ce thème universel de l’opposition entre son intime conviction et l’insoumission à l’ordre social établi. On en redemande !

Note : 17/20