19 août 2021 Par Jean-Christophe Hadamar 0

Drive my car

Ce long et lent film de près de 3 heures parle de deuil, de reconstruction et de création. Auteur de « Asako I & II », deux films que nous avions beaucoup aimé, Drive my car est un film gracieux et sensible qui déborde d’idées et de réflexions sur le chagrin, la trahison, le métier d’acteurs, le traumatisme et le deuil, la solitude partagée et la possibilité de passer à autre chose. 

Le centre du film traite de l’art dramatique. Selon le réalisateur, lorsqu’un acteur endosse plusieurs identités, c’est une « forme de folie socialement acceptée. » Si en faire son métier est éprouvant, l’art dramatique peut aussi être une forme de salut. On cite le réalisateur  « je connais des gens qui n’ont pas d’autre choix que de le faire. Et ces personnes qui jouent pour gagner leur vie sont en fait guéries par cette folie, ce qui leur permet de continuer à vivre. Considérer le métier d’acteur comme une « façon de survivre », est quelque chose qui m’intéresse depuis longtemps. »

Il nous faut parler également de la magnifique idée du personnage de metteur en scène de théâtre de réunir des acteurs de différentes cultures et langues pour monter sa pièce, y compris la langue des signes. Cela donne une très originale et émouvante mise en scène qui prend tout son sens dans le film.

Ce film est magique et gracieux, sans actions percutantes ni ruptures de rythme, c’est une fuite en avant pour se défaire d’un passé qui semble ne pas vouloir lâcher. D’une complexité certaine, il n’en est pas moins pudique et épuré. C’est une quête du bonheur à travers la remontée de la pente du malheur et de la solitude. 

Un cinéaste inclassable qui compte, un film qui dissèque les âmes et où chaque action résonne étrangement en nous. Notre Palme d’Or à nous !

17/20