5 avril 2023 Par Jean-Christophe Hadamar Non

L’établi

Au lendemain des événements de mai 68, le contexte historique est ici fort bien décrit, avec ses courants de pensée, le rôle encore peu important des syndicats et rappelle une époque où un mouvement collectif historique d’une ampleur mondiale pensait changer le monde en détruisant le capitalisme.

Le point fort du film est la description des conditions de travail des ouvriers sur la chaine où sont assemblées les voitures, ici les 2CV. Elles montrent l’enfer de la cadence des tâches, l’encadrement brutal et l’usage de la force d’une milice patronale chargée de faire respecter l’ordre.

La mise en scène est fluide tout en prenant son temps dans la description des personnages, et de la réalité des lieux : la chaîne, les ateliers, les lieux de repos et de réunion. L’acteur Swann Arlaud est très convaincant en jeune prof gauchiste confronté au travail à la chaîne. Les seconds rôles aussi, en insistant sur des ouvriers d’origine étrangères, des femmes, face à la la solidarité et la construction d’un projet collectif. Et d’une description individuelle, on passe progressivement au collectif.

Loin de donner des leçons, « L’établi » décrit des individus broyés par une société industrielle. Il est le témoin fidèle d’une époque qui mélangeait pragmatisme, engagement, et utopie. Pour ne pas oublier.

15/20