8 décembre 2021 Par Jean-Christophe Hadamar Non

La fièvre de Petrov

Après le très élégant « Leto », sorti fin 2018 en France, Kirill Serebrennikov nous plonge dans une Russie contemporaine obscure et violente, dans laquelle l’alcool et le tabac accompagnent les dérives nocturnes de notre Petrov et de ses amis.

Il faut se laisser accompagner pour entrer dans ce capharnaüm bordélique et bruyant, inclassable et plutôt original. Le film mélange en effet les époques, la réalité et la fiction, les souvenirs d’enfance en décrivant des personnages torturés et cabossés par la vie. L’âme passionnée et auto-destructrice russe suinte par tous les pores de ce film, c’est pas toujours très optimiste, mais montre tellement bien un pays malade qui a la fièvre.

Distordu et en roue libre, le film fonce comme un chien fou, on reste ébahi par ce rythme déprimant, désespérant, fatiguant mais tellement créatif. Alternances de couleur et de noir et blanc, de temporalité, de personnages et de transitions virtuoses en font une mosaïque punk qu’il est difficile de retranscrire ici.

On sort épuisé de ces 2H1/2 de transfert à la limite de la folie, mais on se surprend longtemps après à se demander ce qu’on vient de voir ! C’est bon signe ! Quand le trip punk rejoint les frères Lumière, on a une orgie de cinéma, on prend la fièvre avec Sergei Petrov et on pas envie de guérir !

Note : 15/20